Le nouveau chai de Beychevelle
Une invitation au voyage…
Depuis Pauillac, le promeneur perçoit d’emblée la vigne, puis le toit brun de la nouvelle réalisation qui souligne le château, élément dominant de la composition.
Pourtant, depuis la route de Bordeaux, le nouveau chai capte l’œil, il annonce les lieux sans les dévoiler. Il sert de point de repère, de phare, et ouvre la propriété vers la route. Il décline l’identité du château et attise la curiosité des visiteurs tout en restant légèrement en retrait par rapport à l’historique château Beychevelle.
Tels étaient les exigences paradoxales mais complémentaires pour l’élaboration de ce nouveau chai, faire œuvre de discrétion et mettre en scène le château historique, servir également de repère pour signaler la propriété tout en assumant les exigences dues à sa fonction.
Le projet de nouveau chai est venu accompagner l’envie pour Beychevelle de se raconter autrement, de se rapprocher du public.
Le projet de BPM Architectes lauréat du concours propose une invitation au voyage au cœur de l’histoire du château, de ses légendes, et au service de son expertise.
Un dialogue entre le nouveau chai contemporain et le « Versailles » du Médoc
Lorsqu’il a fallu imaginer l’implantation du nouveau bâtiment sur une parcelle adjacente en patte d’oie au château, près de l’ancien cuvier la décision de « décrocher » le nouveau bâtiment de l’existant nous est apparue évidente;
Nous nous sommes attaché à mettre en place un véritable dialogue entre l’existant et le nouveau chai, et à ménager un espace entre les deux, nécessaires à la respiration entre les deux bâtiments.
Son volume carré s’est imposé rapidement. Il correspond à la volonté d’horizontalité en écho au paysage environnant. La toiture est généreuse et à rives fines, et présente des débords. Sa forme japonisante est un clin d’œil à l’un des deux propriétaires du château.
Un écrin
qui invite au voyage
Se raconter autrement, c’était pour le château, se dévoiler un peu plus tout en entretenant le mystère et les légendes qui le définissent.
Nous avons été charmés par la légende au cœur de l’identité du château : lorsque le premier duc d’Epernon devint le propriétaire, la puissance de ce grand amiral était telle que les bateaux qui passaient devant son domaine devaient affaler leurs voiles en signe d’allégeance.
Ainsi, l’univers des voiles, du bateau et plus largement du voyage, sont les concepts forts qui ont guidé la réalisation du nouveau chai.
La forme carré du chai, qui permet d’obtenir des volumes intérieurs séduisants et en cohérence avec l’agencement rationnel des cuves et des barriques, est traitée en vitrage. Les vitres permettent de dévoiler légèrement l’intérieur ; les façades filtrent cependant les vues, grâce aux brise-soleils dont l’ondulation est régulière mais pas uniforme. Ces brises soleils viennent bouleverser l’unité classique du carré. Ils évoquent l’ondulation du vent, des vagues, des voiles. Le bâtiment perd ainsi un peu de la rigueur de sa géométrie et semble en mouvement.
toiture végétalisée
Le cuvier
Le cuvier est conçu sur deux niveaux. Le deuxième niveau est constitué de passerelles, avec des garde-corps en inox. Comme sur un bateau, la fonctionnalité et la capacité à résister à l’eau – caractéristique de l’utilisation d’un cuvier – prédominent, tout en recherchant une harmonie et une rationalité nécessitées par l’exigence et la précision du processus de vinification. Les cuves sont de tailles différentes et permettent la mise en œuvre d’une vinification parcellaire et gravitaire.
Cet espace de travail est le lieu du process grâce auquel l’histoire continue de s’écrire. Cette légende est évoquée par la création originale qu’est le lustre de Céline Wright au centre du cuvier.
Céline Wright a réinterprété le symbole de Beychevelle, un long mas en bois soutient des voiles déstructurées, très légères, en papier japonais washi. La fabrication artisanale du lustre rappelle le processus extrêmement minutieux de la vinification.
La nuit, lorsque le bâtiment disparait, le lustre tel un phare signale le lieu ; le nouveau chai prend alors des allures de lanterne magique ;
Dans la continuité de la volonté d’ouverture et de communication du château, une salle de dégustation destinée aux journalistes se trouve au sein du cuvier.
Le chai
Le chai à barriques est l’espace du voyage ; celui qu’on vient d’achever et qui appelle le temps du plaisir et du repos, autant que celui à venir, promesse de nouvelles aventures. Son espace enterré rappelle la cale d’un bateau où l’on garde précieusement quelques trésors cachés dans les barriques en chêne.
Les écailles, vagues ou nuages de bois qui constituent le plafond, dont les couleurs alternent, créent un mouvement autant qu’elles restituent une certaine solennité. La salle est plutôt sombre, dominée par des couleurs vinaires, déclinées au plafond et sur les murs.
Au loin, ce qui semble être un bas-relief en pierre se révèle être une délicate composition de papier washi réalisée par Céline Wright, reprenant le symbole de Beychevelle.
L’éclairage est, dans le chai, au service du contexte. Pour les visites, il est possible de ne mettre en œuvre que 10% des capacités d’éclairage de la lampe sur les barriques.
Une conception Bioclimatique
Le fonctionnement du bâtiment a été conçu de manière à servir au mieux les utilisateurs au quotidien.
Les vitres laissent passer la lumière naturelle nécessaire à un confort de travail. L’enveloppe vitrée rentre également dans la démarche globale d’économie d’énergie mise en œuvre dans cette réalisation. Les brises soleils et la teinte du vitrage permettent de réguler les apports solaires et la température intérieure. L’acoustique a été minutieusement étudiée afin de garantir un confort maximum.
Enfin, toujours dans une logique de conception bioclimatique, le chai est enterré ; l’inertie du bâtiment permet ainsi de maintenir aisément la température et l’hygrométrie nécessaires à l’élevage du vin.